WADJDA
de Haifaa Al Mansour avec Waad
Mohammed
Ce film plein de fraîcheur nous
décrit avec pertinence et finesse la condition de vie des femmes saoudiennes à
travers la rébellion touchante d’une adolescente têtue, âgée de douze ans, Wadjda.
Passionnée de rock, portant jeans et
baskets sous sa tenue stricte d’écolière, elle se sent à l’étroit dans cette
société rigide où le droit des femmes est l’un des plus restrictifs au monde.
Elle en bouscule les codes avec insouciance au grand dam des adultes.
Elle a même décidé de s’acheter un
vélo pour battre son copain Abdallah à la course, mais en Arabie Saoudite, les
femmes n’ont pas plus le droit de faire du vélo que de conduire une voiture. Leurs
rares moments de liberté ne s’expriment jamais à l’extérieur, uniquement à l’abri
des maisons.
Et Haifaa al Mansour exploite
habilement cette alternance intérieurs-extérieurs donnant un rythme agréable au
film : intérieurs où s’expriment librement, douceur, tendresse,
confidences, décontraction vestimentaire, extérieurs où voilées et tributaires
de la bonne volonté d’un chauffeur, les femmes se hâtent comme si un mystérieux
danger les menaçait.
Ce film est très réussi et la
performance de Waad Mohammed, incarnant l’adolescente, remarquable.
Réalisatrice de trois courts métrages
et d’un documentaire tous récompensés à l’étranger, Haifaa al Mansour a réussi
la prouesse de tourner WADJDA dans Riyad,
la capitale de l'Arabie Saoudite, avec des acteurs saoudiens. De ce fait, il s’agit du premier long métrage produit dans le pays (les
salles de cinéma y sont interdites depuis le début des années soixante-dix)
WADJDA est aussi le premier film saoudien écrit et mis en scène par une femme,
Haifaa Al Mansour. Elle a dû tourner certains extérieurs, enfermée dans une
voiture pour ne pas choquer les hommes, propriétaires de la rue.
Ce premier long métrage est un coup
de maître puisqu’il a décroché en 2012 le prix du meilleur film d’art et essai
à la Mostra de Venise.