jeudi 18 juillet 2013

Expo à la Fondation Cartier

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EXPO RON MUECK 



Les expositions de Ron Mueck sont si rares que l’on se presse pour ne pas rater pareille occasion. Bien que je sois arrivé très en avance à la Fondation Cartier, il me faut effectuer une heure de queue boulevard Raspail avant de pourvoir entrer.
J’avance entre un groupe d’Américains et une pipelette qui téléphone à son copain en m’envoyant le souffle de sa respiration dans le cou. Elle lui apprend, ainsi qu’à ceux attendant comme moi dans la file, que ses parents n’ont pas cru un mot à leurs explications, mardi soir. De toute façon elle s’en doutait, le plan était foireux. « … J’en sais rien, moi qu’est-ce qu’on fait !... Faut qu’on s’voie… Où j’suis ? J’fais la queue à une expo. C’est tellement blindé, j’sais pas si j’vais rester, il est presque midi !… » 

Une fois à l’intérieur, je retrouve l’ambiance feutrée du lieu avec cette lumière provenant des grandes baies vitrées et produisant mille reflets sur le sol satiné. Ouvert en 1994, le bâtiment de la Fondation Cartier a été conçu par l’architecte Jean Nouvel.



D’origine australienne, Ron Mueck est âgé de 58 ans. Il vit à Londres et, selon ses proches, passe des mois enfermé dans son atelier à créer ces sculptures hyperréalistes de corps humains. Après avoir utilisé la fibre de verre, il est passé à la silicone qui lui permet d’aller encore plus loin dans l’illusion de la réalité. Que ses sculptures aient l’air aussi vivantes produit chez le visiteur une sensation troublante. Comment le magicien Mueck peut-il atteindre une telle perfection ?

La première œuvre présentée aux visiteurs, Couple under an umbrella, (deux sexagénaires en tenue de bain sur une plage, sous un parasol) semble monstrueuse, en raison de son échelle, au moins le double de l’échelle humaine. Mais cette impression est tout de suite tempérée par l’expression si douce des visages, l’abandon des corps, cette complicité de vieux couple décelable dans les regards. 

À travers l’attitude des corps sculptés, l’habillement, la pose choisie, l’expression des visages, Ron Mueck nous fournit tellement d’indices sur ses personnages qu’on leur invente un passé, une histoire. Ils sont si vivants ! On s’attarde, on examine les petits détails époustouflants de la texture de la peau et ces gens acceptent  avec bienveillance notre irruption dans leur intimité.

Créées à des échelles incongrues, tantôt plus grandes, tantôt plus petites, ces sculptures nous troublent autant qu’elles nous fascinent ; leur surprenante humanité les rend si familières qu’après le trouble s’éveille notre empathie.

Derrière une telle prouesse technique, les œuvres de Ron Mueck interrogent notre relation au corps.



Programmée jusqu’au 29 septembre 2013, l’expo rencontre un tel succès que les organisateurs la prolongent jusqu’au 27 octobre 2013. 

Fondation Cartier pour l'art contemporain
261, boulevard Raspail
Paris 14






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