mardi 12 juin 2012

Tangente vers l’est De Maylis de Kerangal (Éd. Verticales)

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Rencontrée à l’occasion d’une lecture d’extraits de son livre au château de Chambord, Maylis de Keranval indiquait avoir été invitée à prendre le Transsibérien en compagnie d’un groupe d’écrivain français. Chacun devait produire ensuite un texte destiné à la radio (France Culture, je crois) Le texte devait donc être relativement court pour correspondre à une plage d’environ 20 minutes d’antenne.


On monte dans le mythique transsibérien avec fébrilité ; on est saisi d’excitation à l’idée de traverser les grands espaces sibériens, de parcourir cette succession infinie de steppe, de toundra, de taïga, débouchant sur un espace plus vaste encore, le pacifique.
Voilà l’image familière véhiculée depuis des décennies par des voyageurs de première classe.

Maylis de Keranval nous fait entendre un autre ton. Elle nous embarque dans le Transsibérien tantôt en troisième classe, tantôt en première classe avec deux voyageurs en fuite.
L’un, jeune conscrit monte dans le wagon, la peur au ventre. N’ayant ni petite amie enceinte de 6 mois, ni la somme nécessaire pour corrompre un fonctionnaire il ne peut échapper au service militaire, encore moins au bizutage dangereux et traumatisant que subit chaque conscrit à son arrivée. Comment s’évader du train ?

Elle, une Française à la dérive, a pris le train en marche. Elle fuit son amant et veut regagner Paris mais se dirige à l’opposé vers Vladivostok ! Bien qu’elle soit en première classe et lui en troisième avec des dizaines d’autres conscrits, ils vont se rencontrer. Bien qu’elle ne parle pas russe et qu’il ne parle pas français, ils vont se comprendre et s’entraider à fuir.


Le rythme du roman m’a séduit autant que le style percutant. On y pénètre comme on grimpe dans le train et on ne repose le livre qu’une fois le convoi en gare. Absolument superbe !




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